Transaction

(>Centre-Ville, chez Harijan) [Désolée pour le roman, c'était trop tentant ><]

Dany Longues Jambes galopait comme un fou, un sourire machiavélique sur son visage aviné, et un gros paquet dans les bras. Ce paquet était inconscient, en minishort et s'appelait Leigh Andemon, 19 ans, 1m64, inventeur de génie et sans lunnettes.
Le malfaiteur stoppa sa course folle devant une bicoque pourrie de l'avenue des émietteuses, et tambourina à la porte craquelée, espérant qu'on lui réponde malgré l'heure tardive.

"Pedro! PEDRO!! J'ai une affaire à te proposer! Ouvre!"

Des grognements et des bruits d'objets qui tombent se firent entendre derrière la porte, puis un vieux monsieur endormi avec un bonnet de nuit et des poils blancs qui lui sortaient par tous les orifices, ouvrit la porte.

"Dany... t'es encore bourré... qu'est ce que-"

"Nan, nan, regarde ce que j'ai pour toi!"

Le Dany brandit devant l'autre le petit corps évanoui de Leigh, dont la tête tombait sur les épaules. Le vieux parut soudain extrèmement réveillé.

"Oooooooooooh... entre donc!", s'exclama-t-il, d'une voix étonnament jeune pour son âge.

Et les deux malfrats, rigolant gras, entrèrent et fermèrent la porte derrière eux.
La bicoque pourrie était absolument indiscernable de toutes celles qui fleurissaient le long de l'avenue...

A l'intérieur, une pièce unique qui puait la poussière et le renfermé, deux fauteuils troués avec un cageot retourné en guise de table basse dans un coin, un plafond bas d'où dégringolaient les araignées, et à l'autre bout un matelas éventré d'où quelqu'un venait apparemment de se lever.

"Pose ta marchandise sur le matelas, Dany"

L'interpellé s'exécuta prestement.

"Mmmhh... ah, c'est un mâle? Eh beh, c'est un beau morceau que tu me montres là. T'as eu ça où?"

"Ben... On va dire que je l'ai trouvé dans la rue, hein. Alors, combien? Excuse je suis un peu pressé..."

"Désolé, mais le caractère entre en compte. Attache-le solidement, on va le réveiller. Tu l'as drogué?"

Dany attrappa un bout de corde qui traînait et ligota les pieds et les mains de Leigh.

"Euh...? Le réveiller..? C'est pas une très bonne idée... enfin... non, il s'est évanoui..."

"Une petite nature? Les petites natures ont toujours un succès fou! Envoie le sceau d'eau."

Dany remplit un sceau d'eau à contre coeur, et jeta un coup d'oeil à l'extérieur. Et si le géant débarquait...? Il ne fallait surtout pas que la crevette se mette à hurler...
Le contenu du sceau d'eau fut promptement balancé et Leigh reprit aussitôt ses esprits.

Il sortait d'un rêve particulièrement agréable, où il était maître du monde, vénéré, chouchouté, et où Harijan, un nain adorable, était son serviteur très personnel.
C'est donc de mauvaise grâce, histoire de comprendre pourquoi il se sentait si mal et si mouillé, qu'il daigna ouvrir un oeil.
Puis l'autre.
.
D'abord, il crut que son rêve continuait, et qu'il s'était transformé en cauchemar. Le regard flou et agrandi d'incompréhension, il reconnut vaguement l'un des types qui l'avait violenté... un peu plus tôt.
Tous ses souvenirs lui revinrent en mémoire d'un seul coup.
Avec l'horrible douleur des cordes qui lui rapaient les poignets et les chevilles, Leigh, allongé sur le côté dans un matelas moisi qui sentait les punaises, se rendit compte que ce qu'il voyait n'était rien d'autre que la réalité.
Un puissant sentiment de panique l'envahit. Qu'est ce qu'il faisait là? Qui était cet autre type? Et pourquoi l'autre était encore là? Et Harijan? Où était Harijan??!! Il se souvenait l'avoir entendu avant de s'évanouir! Qu'est ce que ça voulait dire!!? Il lui avait encore fait une fausse joie? Ce salaud l'avait encore une fois abandonné? Ce connard continuait son horrible scénario pour se venger?? Et pourquoi lui-même était toujours si peu habillé? Et pourquoi le vieux le regardait avec les yeux brillants? C'était quoi ce bordel???.......... un bordel......?

"C'est magnifique! Tu ne m'avais pas dit qu'il était muet!! Ravissant! Quelle perle! Je le prends d'office! 50 rubis?"

Le regard hagard, le cerveau de Leigh marchait au ralenti. Il se sentait tellement épuisé... tellement terrifié... non, tout ce qui se passait autour de lui ne devait pas être vrai... c'était la seule solution... Harijan l'aurait drogué... oui... pour lui faire passer un cauchemar insupportable... ahah... c'était sûrement ça... oui....

"QUOI? 50 rubis?? Tu te fous de moi! Il en vaut au moins 200!!"

Un coin de la conscience de Leigh s'indigna qu'on puisse lui donner un si bas prix, il s'estimait personnellement à 100000000000000000[...]000000000000000 rubis.

"Je te croyais pressé? 100 rubis et on en parle plus! Et en plus, à tous les coups, tu me le files alors qu'il est malade, plein de puces et de poux!"

Dany jeta un coup d'oeil angoissé à la fenêtre.

"Bon.... ok. Mais tu me revaudras ça! Aboule le fric!"

Dans un brouillard lointain, Leigh entendit des rubis qui s'échangeaient, des murmures, des grandes tapes dans le dos, puis le silence. Enfin le silence... qu'on le laisse dormir... qu'on l'oublie... qu'il retourne dans son rêve...
Il sentit l'haleine nauséabonde du vieux contre sa joue.

"Alors, mon mignon... si on te trouvait un nom? Montre tes yeux à Tonton Pedro..."

Leigh eut vaguement conscience que des mains ridées lui tiraient les paupières.

"Ouh le joli bleu! Que dis-tu de Papillon? Mmmhh.... ça me plait aussi..."

Le vieux lui caressa les cheveux, un sourire indéfinissable au coin de ses vieilles lèvres.

"On va devenir riches, toi et moi.... enfin, surtout moi..."

(yo! désolée de pas avoir répondu hier, j'ai eu un coup de cafard! Pour la peine, roman aussi!)

Harijan était furieux contre lui-même. Il avait perdu de vu le fou insensé qui avait osé lui voler Leigh. Bien sûr il avait une excuse, ce type courait drôlement vite, mais d'un autre côté tout le monde courrait vite lorsque le sheikah commençait à ressentir de léger désagrément.
Il était à deux doigts de laisser tomber tout espoir de retrouver la trace du fugitif et songeait très sérieusement à entreprendre une destruction soigneuse de la ville jusqu'à ce qu'on lui rende son jouet. C'était une idée intéressante qui avait un certain charme, il devait bien en convenir. Mais il réalisa alors qu'il était arrivé avenue des Emietteuses et changea ses projets. Il y avait toujours des filles dehors et elles savaient toujours tout ce qui se passait. Cherchant un visage amical, il reconnu Fleur de Rosée, une amie de longue date, qui lui faisait un signe de la main et il alla la rejoindre.

"Tu as l'air dans un drôle d'état Hari! Tu veux qu'on t'aide à te détendre?"

Fleur de Rosée était experte en massage d'après ce que le sheikah avait compris à force de lui parler, et elle était très douée pour détendre les gens. Il n'avait encore jamais essayé de se faire masser par elle, mais elle le lui proposait régulièrement.

"Non, je n'ai pas le temps... Tu n'as pas vu passer un type qui portait un jeune homme dans les bras? C'est très important!"

"Un jeune homme? C'est qui?"

Harijan hésita, ne désirant pas en dire trop, puis se décida pour une réponse sobre.

"Il vit avec moi, et quelqu'un l'a enlevé. Il n'est pas très grand, il a des cheveux noirs, la peau très blanche et la dernière fois que je l'ai vu il était évanoui, et..."

"Ah... il vit avec toi... ça explique beaucoup de choses... Va voir chez le vieux Pedro, un type bizarre est entré chez lui avec quelqu'un dans les bras. Je te conseille de te dépêcher, Pedro n'est pas un tendre. J'aurai pas aimé bosser pour lui..."

Pour un peu Harijan l'aurait embrassé, mais il décida qu'il y avait plus urgent. Pedro était une ordure, tout le monde dans l'avenue le lui avait souvent dit, et il refusait d'imaginer ce que cet homme ferait à Leigh. Il allait peut-être le blesser, le tuer, ou pire. Même le jeune homme ne savait pas en quoi pouvait constituer ce "ou pire", il savait que Leigh en souffrirait beaucoup.
Arrivant devant la ruine qui servait de repère à Pedro, il frappa à la porte et attendit calmement qu'on lui ouvre pour qu'il puisse frapper autre chose.

(no prob^^)

Le vieux Pedro observait avec ravissement sa toute récente acquisition. A qui il avait d'ailleurs fait respiré du formol pour le refaire comater, par sécurité. Il lui fallait encore un petit moment pour lui trouver des vêtements convenables, et une place dans une de ses nombreuses maisons closes. Il l'avait donc rangé dans le placard, à côté du balai qui n'avait jamais servi. Fermé à clé, et clé dans la poche. Mieux valait être certain que cette petite perle ne s'échappe pas. Ou pire, qu'on le lui vole!
Alors que, ravi, il s'apprêtait à se recoucher, quelqu'un cogna à la porte. Avachi sur son vénéré matelas crevé, il lui fallut une bonne minute pour se convaincre de se relever.
Grommelant, son bonnet sur les poils et un visage caricatural d'endormi, il ouvrit la porte.

"Grrmbl... ça va pas de réveiller les honnêtes gens à une heure pareille..."

TonTon Pedro froncça légèrement les sourcils. Le nouveau venu était un type à l'air très énervé, pas loin de 2 mètres...

Harijan, retrouvant ses bonnes manières comme par enchantement, sourit poliment au vieil homme, encore qu'un peu trop froidement et de façon trop clairement forcée. Même ses talents de comédiens avaient leur limite après tout.

"Bonjour à vous, cher monsieur, ou devrais-je dire bonsoir? Croyez bien que je suis totalement de votre avis pour ce qui est de réveiller les honnêtes gens à une telle heure de la nuit. Si d'aventure je venais à rencontrer une personne honnête à Ganoncity, soyez bien certain que je prendrais garde à ne pas la déranger au milieu de la nuit. Puis-je entrer?"

Sans attendre de réponse il bouscula le vieil homme et passa à l'intérieur. Un rapide coup d'oeil lui apprit que Leigh n'était à aucun endroit visible, mais ça ne voulait pas dire qu'il s'était trompé pour autant. Pedro était un homme prudent, le genre à enfermer ses objets précieux.

"Très cher monsieur, je crains qu'il ne nous faille discuter de sujets qui risquent de vous fâcher au plus haut point. Si mes renseignement sont exactes -et je sais qu'ils le sont -vous avez dû acquérir il y a tout au plus quelques minutes une chose qui m'appartient de droit. Un charmant jeune homme, de petite taille, avec les yeux bleus et les cheveux noir. Un visage de fille. Sale caractère, insupportable dès qu'il ouvre la bouche mais charmant le reste du temps. J'entends le récupérer."

Il fit une légère pause, puis après un immense effort de concentration fit son sourire le plus charmeur et honnête.

"Bien entendu, je ferai en sorte que le malhonnête qui nous a tout deux trompé soit puni et qu'il vous rembourse intégralement la somme que vous lui aurez payé. Dans le cas où vous refuseriez ce marché, je serai obligé d'user de méthode que vous trouverez assez désagréables, j'en suis certain."

Pedro regarda avec un certain ahurissement ce grand type qui parlait comme un livre.

"Bonsoir, Monsieur...?"

Il referma la porte, les sourcils de plus en plus froncés. Qu'est ce que Dany Longues Jambes avait encore fait? Naturellement, il n'avait pas la moindre intention de rendre la perle de sa collection.

"Eh bien... je regrette. Un jeune homme est effectivement passé par ici, mais il ne correspond pas à la description que vous m'en faites. Il était sourd muet! Vous avez dû faire erreur, vos renseignements n'étaient peut-etre pas si fiables, après tout!"

Il désigna la porte dans un sourire hypocrite.

"Navré de ne pas avoir pu vous être plus utile. Maintenant, veuillez sortir de chez moi, j'aimerais finir ma nuit."

Harijan sourit. Encore plus poliment. Et s'assit sur une chaise qui trainait. Il n'avait aucune intention de partir, et il comptait le faire comprendre à ce vieux fou qui n'avait pas l'air de bien réaliser la situation.

"Allons, très cher monsieur, je pense que vous ne m'avez pas très bien compris. J'ai pourtant tenté d'exprimer ma requête de façon claire et concise. Je veux reprendre mon bien. Maintenant. Je ne veux en rien paraître menaçant et autoritaire, ce ne serait pas mon genre, mais il vaudrait mieux pour vous que le jeune homme soit de nouveau à mes côtés lorsque le soleil se lèvera."

Il sortit de sa poche un petit carnet volé une semaine plus tôt à un truand et fit mine d'y lire des information alors qu'il ne contenait que des dessins pervers fait par quelqu'un qui, visiblement, n'avait jamais dû voir un corps nu de sa vie, voire pas de corps du tout et encore moins de visages humains.

"Voyons... Si mes informations sont exactes, vous êtes le propriétaire de deux établissement de l'avenue des Emietteuses, et deux autres sont sous la coupe de tenancières qui vous reversent un pourcentage considérable. Les quatre bâtiments ont pour principal point commun une structure constituée en grande majorité du bois. Connaissez-vous la principale particularité de ce matériaux? En plus de fournir une ambiance unique, il a une fâcheuse tendance à brûler, ce qui peut faire de nombreuses victimes. Et vous savez comme les accidents arrivent vite à Ganoncity et comme il est difficile d'en trouver l'origine en l'absence d'autorité compétente pour mener une enquête en règle."

Il eut l'impression que le vieux ne le comprenait pas totalement. Ce n'était qu'un simple propriétaire de bordel -Harijan pensa "d'établissement où s'organise un commerce lucratif de nature encore inconnue"- et il n'était pas d'une intelligence brillante. Le sheikah décida de clarifier les choses.

"En d'autre termes 'rends-moi mon jouet où je te pète la gueule et je te ruine à jamais'"

Aie aie aie. ça sentait mauvais. Et bientôt le brulé apparamment. Pedro commençait à se sentir un peu mal. Le grand avait l'air on ne peut plus sérieux, et il avait meme l'air assez terrifiant avec son petit carnet. De quoi donc était capable cet inconnu bizarre...?

"Monsieur, je vous assure... cette situation va restée telle qu'elle est, étant donné que je ne peux rien pour vous. Je n'ai pas le jeune homme que vous cherchez! Il se trouve que, effectivement, j'ai fait une acquisition tout récemment, mais cela ne correspond en rien à ce que vous demandez! Votre monstrueux chantage est inutile et ne vous avantagera en rien, sinon à vous récolter la haine de la moitié de l'avenue..."

Il fallait absoluement gagner du temps. Le soleil ne se lèverait pas avant quelques heures, l'un de ses gens viendraient surement... Ou meme Dany... c'était son voisin, après tout...

Harijan souriait toujours, et toujours aussi calmement. Il se sentait mieux à présent. Il maitrisait la situation. La cible avait peur, il le voyait. Il aurait bientôt ce qu'il voulait, dès que la peur serait arrivée à un stade suffisant. Ce n'était qu'une question de temps. De temps et de technique. Et Harijan avait une excellente technique.

"La haine de la moitié de l'avenue dites-vous? Voilà qui serait fort désagréable. Mais très étrangement, je me permet de croire que les choses ne se passeront pas ainsi. Je crains que vous ne surestimiez de beaucoup votre popularité ici. Certaines filles m'ont répété qu'elles aimeraient mieux mourir que de travailler pour vous. J'ai cru entendre des gens assurer que c'était, je cite 'les vermines purulantes de ce genre qui donnent une sale image à c'fichu métier' fin de la citation. Aussi, si je puis me permettre de donner un avis, je crois qu'on me remercierai plutôt de vous avoir forcé à quitter l'avenue."

Il fit une pause, dosant soigneusement l'effet dramatique. Il s'amusait comme un fou, pour un peu il en aurait oublié que la vie de Leigh était peut-être en jeu. Tout cela était trop distrayant et seule une immense maîtrise de lui-même lui permit de ne pas trop perdre de vue son objectif.

"Mais ne parlons donc pas de ces choses désagréables, mon cher monsieur. Ne sommes nous pas entre gens civilisés? Je répugne à devoir encore parler de choses si laides avec vous qui me semblez un si sympathique personnage. Pourquoi ne me montrez-vous pas votre récente aquisition? Je suis d'un naturel assez curieux et cela m'amuserait assez. Sans compter que cela nous offrirait un sujet de conversation plus charmant que la fin éventuelle de votre commerce, j'en suis certain."

Pedro transpirait à grosses gouttes dans sa chemise de nuit sale. Gagner du temps, gagner du temps, gagner du temps...

"Je... je suis navré, encore une fois. Je viens de vous dire que mon acquisition n'est plus ici, je l'ai transférée ailleurs... Et je ne peux pas vous dire où, car je dois bien avouer que je ne vous fait pas confiance. Quelqu'un qui entre chez moi, comme ça! En m'accusant sans preuve! Et vous osez monter mes employés contre moi? Vous êtes odieux!"

Le vieil homme reprenait un peu de contenance. Quand meme, une perle rare était en jeu!

Harijan sourit encore quelque minutes, sans rien dire, regardant seulement le vieil homme droit dans les yeux. Très amusant, vraiment. Un jouet presque aussi digne d'intérêt que Leigh, encore que moins agréable à regarder, et de loin. Si Pedro survivait, il viendrait lui rendre visite de temps à autre pour s'amuser.
Au bout d'un moment il se leva calmement et lentement, pour montrer qu'il ne paniquait en rien. Puis, remarquant le placard à balais (note: enfin!XD l'est gentil mais l'est lent, hein?) il se dirigea dans cette direction l'air de rien. Il lui semblait intéressant de fouiller un peu l'endroit. S'il ne trouvait rien d'intéressant, il sortirait et mettrait le feu aux propriétés du vieil homme, l'air de rien. Mais la porte, fermée à clé, ne s'ouvrit pas, et il se tourna vers Pedro avec son plus beau sourire.

"Allons cher monsieur, que cachez-vous donc là? Je vous l'ai dit je suis curieux, je voudrais vraiment le savoir. N'allons-nous pas devenir peut-être amis? Car vous aimeriez être mon ami, n'est-ce pas? On a toujours besoin de gens de confiance dans son entourage. Allons, très cher ami, montrez-moi donc vos trésors..."

Au fur et à mesure que le géant se rapprochait du placard, Pedro se tendait un peu plus, et transpirait encore plus fort. On allait bientot pouvoir essorer sa chemise de nuit comme une serpillère. Il ne devait pas montrer sa peur, sa faiblesse, sa trouille de voir tous ses batiments en feu, ou plus simplement sa vieille figure défoncée. Mais son petit papillon...!
On lui avait pourtout dit que macquereau était un job tranquille, et qu'on ne faisait que traiter avec de merveilleuses créatures en gagnant pleins de sous en restant assis.

"Euh...dans ce placard, il y a mon coffre...! C'est normal que ce soit fermé à clé, vous ne croyez pas? Je ne vois pas pourquoi je vous l'ouvrirai, je n'ai rien à vous prouver et vous pourriez bien me voler! je ne suis pas fou!"

Harijan sourit. Plus en une seconde il redevint sérieux. Plus sérieux qu'il ne l'avait jamais été.

"Ouvrez."

Sa voix était calme, sans émotion, mais ses yeux brillaient et promettaient au vieil homme que la pire chose qu'il puisse imaginer n'était rien à côté de ce qui l'attendait s'il n'obéissait pas. Harijan n'était pas un partisan de la violence et méprisait la torture. Il n'en était pas moins doué dans ce domaine, lorsque les circonstance l'exigeaient. Et c'était le cas à présent. Ce vieil homme qui puait la peur et la sueur ne l'amusait plus, il l'ennuyait même beaucoup. Harijan n'aimait pas qu'on l'ennuie.

"Ouvrez."

"...Je..."

L'oeil hagard, Pedro jetait des regards apeurés tout autour de lui, comme s'il cherchait une issue.

"S-Sortez de chez moi! Sortez tout de suite! J-je ne vous dois rien et v-vous savez très bien que vous faites erreur! A-Arretez, Sortez, dehors! Ou j'apelle mes hommes!"

La dernière phrase était un pur bluff, la majorité de ses 'hommes' travaillaient...

Harijan frappa Pedro du poing, de toutes ses forces, lui cassant certainement le nez au passage. L'homme ne lui était plus utile puisqu'il s'obstinait à n'être qu'un imbécile sans intérêt. L'attrapant par la chemise de nuit, il fouilla sans ménagement dans ses poches et en sortit une clée qu'il regarda en souriant avant de lancer le vieil homme contre le mur le plus proche.

"Nous aurions pu nous entendre, très cher monsieur. Lorsqu'on me donne ce que je désire je peux montrer une certaine reconnaissance. Lorsqu'on me contrarie... ma foi, vous allez bientôt voir ce qui arrive dans un tel cas. Un peu de patience."

Il ouvrit la porte calmement et sans grande surprise y découvrit Leigh. Il semblait en vie. Jugeant qu'il n'avait pas besoin de s'intéresser de trop près à lui dans l'immédiat il retourna auprès de Pedro et s'accroupit à côté de lui.

"Un coffre-fort, n'est-ce pas? Etrange coffre en vérité... Je suis actuellement très contrarié... Oh, mais j'ai une idée! Et si je proposais à votre récente acquisition de choisir quelle partie de votre corps je vais arracher en premier? Qu'en dites-vous, Leigh?"

Toute la maigre volonté de Pedro avait volé en éclat au fulgurant coup de poing. Le nez aussi, quelques dents, et deux vertèbres lors de la rencontre avec le mur.
La douleur. Il ne sentait plus que ça. Insupportable, partout, intolérable, dans tout son corps, omniprésente...
Plus aucun membre ne répondait, il avait la lointaine sensation de n'être qu'un sac de chair contre un mur...
Le grand lui parlait... Le cou brisé, Pedro le regardait de travers, ses yeux globuleux roulant dans leurs orbites.

"...bleurg..."

Un filet de sang dégringola de sa bouche édentée.
Toute pensée raisonnable avait fui son cerveau décomposé.

Dans son placard, ligoté et casé sous le balai, Leigh était tout tordu, les genoux au dessus de la tête.
Il se réveilla. D'un coup, il ouvrit grand les yeux, l'esprit encore tout embrumé. Et vit ses genoux. Puis rabaissa ses paupières. Quel monstrueux mal de crâne... où était-il à présent...? Ah oui... il avait été vendu... comme prostitué... est ce qu'un esprit sadique était actuellement en train de lui faire prendre une pose bizarre pour assouvir ses désirs inavouables...? ... Voulait pas savoir... se rendormir... oublier... mourrir... déjà mort de honte, de toutes façons... à rester dans cette position, le trépas complet n'allait pas tarder... Il sentait confusément une petite pelle à poussière qui lui rentrait dans les côtes.

"Aie..."

Harijan était de plus en plus déçu. Le vieux était déjà cassé. Il était tout énervé, et il n'avait plus rien à martyriser. Frapper quelqu'un qui n'était même pas en état de hurler, ça n'avait aucun intérêt. S'il avait continué Pedro serait mort et il n'aurait pas eu le plaisir de le voir se tordre de douleur...
Il réalisa avec horreur que ses pensées commençait à être inquiétantes, même pour lui, et s'efforça de se calmer. Ces débordements de violence ne lui ressemblait pas. Il n'avait plus fait ce genre de choses depuis l'âge de seize ans au moins. Il ne s'était pas énervé une seule fois depuis des années. Et il suffisait qu'un hylien suffisant et présomptueux soit un peu en danger pour qu'il se transforme en monstre sanguinaire?
Les méandres de son inconscient était parfois fascinants.

*Allez, on va rentrer à la maison, la nuit a été agitée, et j'ai encore le petit déjeuner de sa majesté à trouver moi...*

S'approchant de Leigh, il essaya de lui tappoter tout doucement la joue sans lui faire mal pour le réveiller.

"Eyh, ouvre les yeux mon gars, c'est fini. On va rentrer, tu vas dormir, et j'irai te chercher ta confiture à la rhubarbe. Allez réveillez-toi, personne ne te fera de mal maintenant. Je suis là."

Le sheikah se surprit encore, mais par la douceur de sa voix cette fois. Il se passait quelque chose de bizarre dans son petit cerveau déjà assez étrange comme ça. Il lui faudrait absolument essayer d'analyser tout ça.

Leigh entendit des voix... lointaines... des bruits... puis quelque chose qui lui tapota la joue.

"Nan... arretez... me touchez pas... chuis encore v-vierge... naan..."

Maintenant que la porte du placard ne le retenait plus, Leigh s'étala sur le plancher plein de poussière. Quelle ne fut pas sa surprise quand sa tête cogna une botte, de taille raisonnable, et à l'aspect vaguement familier. Les brumes de son esprit se dissipaient peu à peu.

"Ha-Harijan...?"

En se torillant malgré ses liens, Leigh arriva à s'asseoir.

"C'est toi... ET C'EST MAINTENANT QUE T'ARRIVES, ABRUTI? CA Y EST? TU M'AS ASSEZ TORTURé?? NE ME TOUCHE PAS, ORDURE!!"

Leigh était toujours vaguement persuadé que Harijan était responsable de sa triste condition. C'était la seule explication. Tant d'horreurs ne pouvaient pas arriver d'elle memes...

Harijan fut surpris par la première réaction de Leigh. Pour lui, vierge désignait seulement un signe astrologique et des jeunes filles dans les très très vieilles histoires. Il ne voyait pas ce que ce mot venait faire là.
La seconde réaction le laissa sans voix. Ordure? Oui, bien sûr, c'était vrai... Il avait abandonné Leigh alors qu'il était sans défense. Il n'était qu'un misérable. Tout était arrivé par sa faute. S'il n'avait pas tant voulu s'amuser... s'il n'avait pas proposer d'héberger le jeune homme... Tout de sa faute. Un moins que rien, voilà ce qu'il était. Un porte poisse.

"Pardon..." souffla-t-il. "Suis arrivé trop tard... aurait pas du partir... pardon..."

Encore une fois, la partie la plus lucide de son cerveau lui signala qu'il en faisait trop. Leigh était seulement sous le choc et n'était pas si en colère qu'il le paraissait au premier abord. Il serait bientôt très heureux d'avoir été libéré. Mais comme souvent depuis ce matin-là, cette partie de son esprit se vit totalement ignorée par le reste du sheikah et elle décida que puisque c'était ainsi, elle allait bouder et ne plus donner de conseils.
Harijan, étrangement boulversé par l'accueil qui lui avait été fait, alla chercher une dague dans les poches de Pedro qui agonisait toujours dans son coin et l'utilisa pour défaire les liens de Leigh.

"Pardon... maintenant, tu fais ce que tu veux... tu as le droit de me détester... j'aurai du revenir plus vite... pardon... moi pas doué..."

Dans un ultime effort pour se faire entendre sa lucidité lui signala qu'il était du dernier des ridicules à s'excuser ainsi d'être venu sauver cet imbécile incapable de reconnaissance, mais elle ne fut pas plus écoutée que d'ordinaire. La lucidité d'Harijan commençait à très sérieusement songer à partir en vacances, puisqu'on n'avait pas besoin d'elle.

La colère de Leigh ne se calma pas avec les plates excuses de Harijan, ce crétin allait payer pour l'affreux tour qu'il lui avait joué.

"JE ME FOUS DE TES EXCUSES! C'EST TROP TARD! NON MAIS T'ES COMPLETEMENT FOU D'AVOIR ENVOYÉ 4 ABRUTIS POUR VENIR ME...me...ME MALMENER!!? AVEC UNE HISTOIRE DÉBILE DE TRÉSOR!!? TU VOULAIS ME VENDRE EN PLUS!! C'EST CE QUE TU VOULAIS FAIRE DEPUIS LE DEBUT, POURRITURE!! TOI ET TES GENTILLESSES HYPOCRITES! TU VOULAIS TE FAIRE DE L'ARGENT A-AVEC... AVEC MON CORPS!!"

Leigh vociférait, puis fit une pause le temps qu'Harijan défasse ses liens. Une fois libre, il se releva en titubant, tous ses membres endoloris, et se rattrapa au bras d'Harijan. Qu'il lâcha vite.

"JE SAIS PAS CE QUI ME RETIENT DE TE FAIRE SAUTER AVEC CETTE MAISON!!"

Et d'un geste vif, malgré ses poignets rappés, Leigh plongea la main dans son mini-short pour en ressortir un petit sac rempli de poudre, et duquel pendait une mèche.

Harijan rattrapa sa lucidité alors qu'elle avait commencé à faire ses valises et lui demanda de l'éclairer un peu sur la situation. Visiblement, il y avait eu une terrible erreur à un moment. Monsieur le grand inventeur se trompait totalement sur un certain nombre de détail important.

"Mais je n'ai jamais voulu vendre personne moi! En tout cas, pas cette fois, et jamais sans leur consentement!"

La vision de Leigh avec une main dans ses sous-vêtements eut quelque chose de dérangeant pour le sheikah qui rougit et sentit s'éveiller certaines réaction physique qui jusqu'à présent l'avaient toujours laissé parfaitement tranquille. Oh, rien de bien méchant ni de bien visible surtout, mais lui savait, et cela le gênait. Beaucoup.
Il retrouva son calme dès qu'il vit les explosifs. Ah. Ben c'était nouveau ça. Et c'était très mauvais surtout. Harijan n'avait pas particulièrement envie de mourir en petit morceau, pas alors qu'il découvrait que son cerveau et son corps pouvaient avoir des idées bien à eux.

"Ah. En fait, rien ne te retiens tu sais. En fait, moi, je n'essaierai même pas de t'en empêcher. Je me permet juste de signaler que je n'ai envoyé personne, que si je veux me faire de l'argent je connais des moyens bien plus efficaces que la vente de ton corps de crevette anorexique et surtout que si ces types étaient mes alliés, le vieux Pedro ne serait pas dans cet état. J'ai tout de même plus de considération que ça pour mes associés. Enfin, je crois. Je n'ai encore jamais eu d'associés. Quoi qu'il en soit, la décision te revient."

Ah bah. leigh ne s'attendait pas à une réponse sur un ton aussi tranquille. Surtout qu'en analysant le contenu, il se rendit compte q'un vrai malfaiteur n'aurait jamais répondu ça.
Alors Harijan n'y était pour rien...?
Sa colère diminua doucement, mais il restait sceptique. Le jeune homme pas très vêtu se dirigea sans quitter Harijan des yeux vers le cadavre agonisant. Mmmh... il reconnaissait à l'odeur celui qui l'avait acheté.
Effectivement...
Leigh lança un drôle de regard au géant décérébré. Ce n'était vraiment pas le genre de l'inventeur de s'excuser d'avoir gueulé pour rien... aussi ne le fit-il pas. Harijan était donc vraiment venu... le sauver...?

"..."

Il lança un regard circulaire à la pièce unique de la bicoque.

"Bon... on sort, et on fait tout sauter...? Euh, t'es pas obligé de rester à l'intérieur..."

Leigh ne se sentait pas très bien. L'horrible impression de s'être trompé sur toute la ligne lui hantait l'esprit. Après un regard de souverain mépris vers le corps ensanglanté dans le coin, il avança vers la porte et l'ouvrit. Le soleil commençait à peine à se lever.

"...'tain... j'ai froid..." déclara-t-il bien fort.

"Ah bah si je suis pas obligé de rester dedans... c'est gentil de ta part de me le dire."

Il jeta un regard un peu mélancolique vers Pedro. Bien dressé il aurait presque pu devenir amusant à la longue... Il avait même un peu de résistance. Mais vu son état actuel, l'éliminer était un pur acte de charité.
La plainte de Leigh au sujet de la température fit indirectement rougir Harijan qui avait brusquement réalisé que le jeune homme portait si peu de vêtements qu'il aurait presque mieux valu qu'il soit nu. Presque. Une image de Leigh totalement nu apparu alors dans l'esprit du sheikah, et il songea qu'il vallait finalement mieux que le caleçon reste à sa place, au moins pour l'instant. Un peu inquiet à l'idée que son corps, mû par d'étrange mécanisme qu'il ne comprennait pas, décide de se jetter tout seul sur l'hylien, Harijan ôta sa chemise et la luit mit sur les épaules en regardant fixement ailleurs très loin.

"Va pas me tomber malade, je suis en froid avec le seul guérisseur que je connaisse depuis qu'il a voulu me faire assassiner... Allez, fais sauter ça et on rentre."

Leigh ne remercia meme pas Harijan pour sa chemise. Il était trop préoccupé. Tout son esprit lui pointait du doigt un fait difficilement explicable: le grand dadais faisait énormément pour lui alors qu'ils ne se connaissaient que depuis une journée. Qu'est ce que c'était que cette histoire...
Sans un mot, il sortit, la chemise sur les épaules, espérant vaguement qu'Harijan le suive.
Puis il ramassa deux galets dans un petit coin, posa le sac de poudre à l'entrée de la maison, et frappa les cailloux jusqu'à l'apparition d'une étincelle.
La mèche s'enflamma vite.
Aussitôt, il fit un bond en arrière, attrapant la ceinture d'Harijan pour qu'il en fasse de même.
Deux secondes plus tard, une jolie petite explosion embrasa la porte, qui fut projetée dans la rue. Puis toute la façade prit feu.
Leigh se rapprocha doucement des flammes pour se réchauffer, le front plissé par ses réflexions.

"...hey... on vient pas de tuer quelqu'un, là?"

Harijan, plus tranquille à présent qu'il accomplissait un acte familier -meurtre avec violence et tentative de dissimulation du crime - se contenta de hausser les épaules.

"Bienvenue à Ganoncity mon gars. Je ne dis pas ça pour jouer les durs ou pour te faire peur, mais tu ne survivras pas longtemps ici si tu n'es pas prêt à écraser impitoyablement tous ceux qui auront la bêtise de se mettre en travers de ton chemin. Vu ton caractère, ça ne devrait pas être un trop gros problème pour toi je pense, reste seulement à te déculpabiliser. Nous avons tué une ordure, pas un homme."

Il resta un instant à contempler l'incendie avec une certaine admiration. Cette explosion, c'était du boulot de pro, de l'art même. Leigh allait peut-être être plus qu'un simple jouet finalement s'il se révélait aussi doué dans tous les domaines. Remarquant enfin que l'incendie qui se communiquait avait réveillé tout le monde et qu'ils étaient légèrement suspect, Harijan décida qu'il était plus que temps de partit et attrapant Leigh par le poignet il l'éloigna du lieu de leur crime pour le ramener à la maison où une bonne matinée de sommeil l'attendait.

Leigh se laissa traîner. Toute cette suite d'évènements l'avait considérablement épuisé, autant mentalement que physiquement. Malgré tout, il avait encore du mal à digérer le fait d'avoir été vendu. Et d'avoir tué... une ordure, juste une ordure...
Il ferma les yeux, retenant la chemise d'une main, alors qu'il marchait maladroitement, tiré par Harijan dans des rues qu'il ne reconnaissait pas. Bizarrement, sa confiance en ce grand type bizarre était revenue...

(> Chez Harijan)