Librairie - Cent Livres

Leigh résista quand la fille essaya de le mettre dehors, et fut tout aussi pétrifié en voyant la boue puante monter, lentement mais sûrement, vers l'entrée de la boutique.
Un frisson de panique lui remonta le dos.
... Que faire??
Inéluctablement, la boue continuait de gagner du terrain, engloutissant les marches une à une.
Il pensa à son petit laboratoire, tout branlant, qu'il avait laissé sans surveillance... il devait y aller!!
Mais la boue se rapprochait de plus en plus...

"I-Il faut barricader!! Il faut boucher les trous!!"

Dans un effort désespéré, il attrapa des livres et commença à les étaler le long du mur, tandis que la fille essayait d'emporter compulsivement sa barricade de fortune.

"Mais arrêtez!! Vous êtes folle! Notre sécurité est plus importante que ces livres!! Lâchez-ça tout de suite!!"

Et il entreprit d'arracher sauvagement les livres que la vendeuse serrait contre elle, pour continuer sa barrière.

Halyce lui opposa cette fois-ci une résistance plus féroce, puisque l'adrénaline était à son comble dans ses veines.

"Vous êtes MALADE?! Laissez mon gagne-pain TRANQUILLE!"

Paniquée, la jeune femme faisait des aller-retours de la porte jusqu'au comptoir, afin de déposer les livres sur un endroit surélevé et pour l'instant inatteignable par la boue montante.

Mais dans toute cette hystérie, son cerveau paniqué fut quand même capable d'élaborer une solution... temporaire.

"Attendez, monsieur! Arrêtez de mettre les livres sous les portes! J'ai mieux à l'étage!"

Halyce courut jusqu'à l'escalier en collimaçon, puis grimpa les marches à la hâte. Une fois arrivée en haut, elle chercha avec frénésie dans les poches de sa robe mauve. Elle en retira un porte-clé affublé de quatre clefs; une pour la librairie, trois pour le deuxième étage, qui constituait sommairement sa maison à elle.

Halyce passa les trois cadenas avec difficulté, comme c'était supposé, d'ailleurs. Elle s'engouffra ensuite dans son chez-elle: une pièce unique, mal ventilée et poussièreuse. Sur son lit de camp, il y a des draps si vieux qu'ils étaient bourrés de trous... Mais heureusement, ils étaient fait de matière imperméable.

Rah! Le deuxième dégoulinait de partout! Foutue toiture... On y verrait plus tard!

Halyce ne prit même pas le temps de dévaler l'escalier, mais lança en pleine figure la couverture à Leigh plus bas.

"Tenez! Bien écrasée, elle devrait empêcher la boue de pénétrer sous la porte!"

Leigh reçut la couverture en pleine tête, dans un 'BOERF' fort peu élégant. Cette garce s'était bien retenue de viser ses bras!

"Pouah! D'où sortez-vous cette abominable serpillère? Je parie que vous dormez avec!"

Grognant tout ce qu'il pouvait, Leigh s'éxécuta néanmoins très rapidement. Il sentait les portes se courber sous le poids de la boue pestilentielle, et un filet se faufilait déjà sur le parquet. Mais la vieille couverture n'était pas assez grande, et seul la moitié du bas de la porte était protégée.

"AAAAHHH!!! çA RENTRE!! Une autre!! Une autre serpillère!! VITE, ENFIN!!"

Paniqué, Leigh s'était emparé des quelques livres que la rousse n'avait pas encore récupéré et entreprit de recommencer sa barrière.

Halyce jura dans sa barbe -qu'elle ne possèdait pas-. Ce petit morveux osait traiter sa couverture, souvenir de sa mère, de serpillère!

Cependant, elle contenu en une seconde son énervement, puis replongea dans la pièce sombre du deuxième pour trouver un autre tissu pour bloquer la porte.

Halyce remua sa chambre au complet, la transformant, du coup, en un champ de bataille.

Ses gestes étaient désordonnés, impulsifs.

Jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il restait un drap sur ce matelas dégarni de couverture...

Halyce fit claquer sa langue, fâchée contre elle-même de n'avoir rien vu, dans sa hâte. Franchement...!

Elle s'élança vers la sortie de la pièce, et se retrouva à nouveau en haut de l'escalier en collimaçon.

Une boule de linge. Une cible.

TOUCHÉ! En pleine poire sur Leigh.

"Ça devrait faire!", lança-t-elle précipitamment.

Leigh jura quand il reçut pour la deuxième fois consécutive un gros tas puant sur son auguste visage.

"NAN MAIS VOUS FAITES EXPRÈS!! Votre pauvre taudis va se faire engloutir et vous ne pensez qu'à me balancer votre linge sale en pleine tête!! IDIOTE!!"

Un peu plus et il aurait renvoyé la boule de linge sur l'autre crétine. Mais se rapellant ses propres paroles, il aboya encore un peu pour la forme, puis boucha le bas de la porte avec le vieux drap.
Légèrement soulagé, il se passa la main sur le front pour essuyer les quelques gouttes de sueur, non pas causées par l'effort mais par la trouille.
Mais il se rendit compte bien vite que tout n'était pas terminé.
La boue était certes ralentie par les protections de fortune au bas de la porte, mais certainement pas stoppées.
Il ne fallut que quelques minutes, le temps que Leigh récupère les livres qui trainaient par terre pour les placer sur les marches de l'escalier, pour que la porte se fissure sous la pression de la boue montante.
Dehors, la pluie battait toujours aussi fort sur le toit déjà bien abimé.

"Mais c'est quoi ce temps!!! La boue commence à entrer!!!"

Affolé, Leigh regardait les coulées nauséabondes s'échapper des fissures. A présent, les couvertures-barrières étaient engluées de boue, et une petite flaque avançait sur le parquet, lentement mais sûrement.

"AaaAAAaaAaAAhh!!! Ya rien à faire!!"

Leigh attrapa ses petites courses qu'il avait déposé dans un coin, et commença à gravir les escaliers branlants.

"Laissez-moi entrer chez vous!!"

En voyant Leigh gravir les escaliers pour échapper à la boue, Halyce eut envie de lui fermer la porte en pleine figure, et de s'enfermer à triples tours. Puis ensuite, elle aurait écouté les pleurnicheries du nabot qui aurait voulu entrer, en la suppliant de faire preuve de clémence.... Elle lui aurait répondu un truc du style "KUKUKU", ou bien encore, "MWAHAHAHA", et il semble que cela aurait égaillé sa journée. Cela aurait pu lui faire oublier que tout ce qu'elle possédait était en train de se faire inonder, un étage plus bas.

... La pensée était tentante. Vengeance de s'avoir fait emmerder par le nain.

... Mais elle n'était pas si inhumaine. Malgré ce que la ville où elle demeurait projetait.

Halyce claqua la langue d'énervement. Elle ouvrit la porte de son logis avec réticence, comme si elle faisait une ÉNORME faveur à cet arrogant gnome.

....

Il avait intérêt à pas trop lui faire remarquer l'état -lamentable- de sa demeure. Gare à lui aux plongeons in extremis dans la boue...

"Mais c'est complètement miteux ici!!"

Se croyant toujours tout permis Leigh s'engouffra dans le pseudo appartement en jetant des regards dégoutés.

"Ca reflète tout ce que vous gagnez! Et vous avez eu la folie de refuser de me vendre votre pauvre bouquin! Tsss!!"

Râlant, le jeune nain mégalo entreprit de visiter l'endroit, furetant partout comme si c'était son nouveau chez lui.

"Et évidemment y a même pas de baignoire!!"

Et il osait.

Pourquiilseprennaitcetabrutidepremièreee??!!

Halyce avait des envies de meurtre. Elle prit de grandes respirations pour se calmer. Ses yeux verts retournèrent ensuite sur la minuscule forme de Leigh.

"De un. Vous vous plaignez, vous plongez. De deux. Vous déplacez quelque chose, et cela inclus TOUT ce qu'il y a dans cette pièce, vous plongez."

Elle planta ses deux billes émeraudes, pitillantes d'énervement, dans celles de son... invité.

"De trois. J'AI une douche au fond, conçue selon un ingénieux système qui recycle l'eau de pluie."

Halyce fit quelques pas pour se diriger vers un rideau à l'extrémité de la chambre. D'une main rapide, elle lui montra l'endroit.

"L'eau est froide. Plaignez-vous et vous plongez."

Elle replaça son rideau en ordre, puis se déplaça vers une autre extrémité de la pièce. Sur le mur, il y avait une étagère de romans, qui lui servaient à lire le soir venu avant de se mettre au lit.

"La plupart sont des livres pour filles. Les livres techniques étaient situés à l'étage inférieur. Vous pouvez les lire. Je recommande d'ailleurs que vous le faites. Comme ça, vous gémirez moins."

Elle fit une pause, et le regarda le plus sérieusement possible.

"Tout autre plainte engendra un plongeon, tel que mentionné précédemment."

Halyce se détendit un peu, contente d'avoir établit ses règles.

Elle se mit cependant à se grater frénétiquement le bras, les picottements ayant repris d'assaut soudainement.

Leigh leva un sourcil en entendant l'autre débiter ses règles ridicules. Il se plaignait si il voulait.

"Hum, vos lois sont bien jolies, mai je suis au regret de vous annoncer que je ne tiens pas spécialement à m'y plier. Et j'espère bien ne pas avoir à rester assez longtemps pour devoir tester votre misérable douche! Et puis entre nous, cet endroit est franchement dégueulasse; ça mériterait bien un peu de nettoyage! Vous n'avez jamais bougé ce lit je parie! Imaginez un peu toute la poussière qui doit s'accumuler dessous!"

Il lança un coup d'oeil mi-dégouté mi-intrigué vers les gestes frénétiques que la fille exerçait sur ses avant-bras.

"Pas étonnant que vous soyez malade dans un endroit pareil!"

Halyce écouta à peine le monologue de Leigh, n'y prêtant qu'une oreille d'exaspération, alors que l'autre s'affairait à ses bras. Ils la démangeaient horriblement, comme si un facteur allergène important venait de faire surface dans l'air ambiant.

... Peut-être était-ce Leigh. Pas étonnant qu'on puisse être allergique à ce type.

Un petit sourire mesquin illumina temporairement ses paumettes.

Mais Halyce savait que ce n'était pas Leigh. On ne peut être allergique à sa propre race; et Leigh avait vraiment l'air d'être un Hylien.

Elle se gratta à nouveau avec douleur.

Et ça commençait à puer drôlement dans la chambre... Oui, son appartement était certes désordonné et poussièreux, mais pas odorant! Ou du moins, elle n'avait jamais senti une telle odeur auparavant.

... La boue, en bas... ?

Mirddee. Les eaux de l'abreuvoir!

"Je dois aller prendre une douche. MAINTENANT.", s'écria Halyce, soudainement pleinement consciente de la situation.

... Une douche avec cet étranger dans la même pièce.

Leigh avait avisé le lit, et s'y était assis du bout des fesses.

"Génial."

Il avait parlé d'un ton transpirant l'ennui profond. Puis il se leva et observa le cntenu de la bibliothèque.

"Je vous en prie, allez donc vous décrasser."

Halyce avait envie de l'étriper, mais ses bras la retinrent. Il y avait plus important à faire.

Elle courut vers le rideau au fond, puis fouilla dans un meuble tout près pour en sortir une serviette bleue, bourrée de trous de toutes les tailles. La jeune fille pénétra dans la douche, et referma derrière elle pour éviter le regard du nain. Halyce se déshabilla rapidement, retirant avec soin ses manches, pour ne pas trop toucher les plaies béantes.

Une fois que ce fut fait, elle déposa son linge hors de la douche, sur le meuble précédent.

L'eau qu'elle ouvrit était archi froide, mais fraîche; il pleuvait à verse à l'extérieur.

Le contact de l'eau avec ses lésions allergiques lui arracha un faible gémissement, puis un flot de larmes silencieuses...

Halyce espéra ne pas se faire entendre. Par fierté.

Les livres contenus dans la bibliothèque n'avaient pas l'air trop mauvais, il se souvenait même que l'un d'eux avaient eu un prix littéraire prestigeux, il y a longtemps.
Mais les faibles gémissements qu'il perçut malgré le crépitement de l'eau sur le sol le déconcentrèrent. Allons bon, voilà qu'on avait une agonisante dans la douche.
Soupirant, il reposa le livre qu'il était en train de feuilleter. Puis, un vague souvenir de règle de bonne conduite lui effleurant l'esprit, il s'approcha du rideau de douche parfaitement opaque.

"Laissez-moi deviner; vous êtes tellement encrassée que vous devez vous creuser la peau?"

Il tiqua. Impossible de se retenir de balancer des méchancetés. Parce que c'était vraiment pas gentil, ce qu'il venait de sortir. Mais c'était sa faute aussi, elle n'avait qu'à pas avoir ce caractère abominable!
Il soupira.

"Hrmf... bref... vos blessures vous font mal?"

Halyce grinça des dents en entendant le premier commentaire désobligeant. L'autre semblait se croire d'une intelligence supérieure; la réalité en était bien autrement!

Puis le deuxième commentaire la fit radoucir un peu. Après tout, il était p'tête pas une cause perdue d'avance.

Mais elle ne put répondre. Sinon, elle aurait littéralement éclaté en sanglots.

Avec un quasi sadisme, Halyce chercha à tâtons la barre de savon, le bras au vif et pulsant de douleur. Un frisson lui remua l'échine lorsque sa main se posa sur l'objet convoité; mais pas de froid. De souffrance.

Elle amena ensuite le savon proche de ses bras, et frotta courageusement les plaies déjà infectées.

Halyce poussa un cri soudain, qu'elle tentit de camoufler; avec sans succès.

Une fois les plaies savonnées et rincées, elle sortit un bras du rideau, pour chercher la serviette des doigts.

Mais où l'avait-elle posée? Rahhh...

Même le cerveau génial de Leigh n'était pas nécessaire pour deviner que la fille souffrait le martyre derrière son rideau. Et apparemment, elle était même un peu maso pour se laver à l'eau de pluie, glacée, sûrement pleine de miasmes.
Assis en tailleur devant le rideau, le menton dans une main, il avait l'air ennuyé. Cela l'embètait un peu qu'elle crève sous son nez, mais il se doutait ben que la fille ne le laisserait jamais l'examiner. Et puis à la base il n'était pas médecin, et encore moins altruiste.
Et la pluie qui n'arrêtait pas, sans parler de la boue qu'il entendait glouglouter au bas de l'escalier.
Une situation fort facheuse.

Entre deux gémissements de douleur, un bras sortit du rideau.
Leigh leva un sourcil.
Ce bras était à vif; on avait visiblement arraché les croutes, et il suintait la lymphe par tous les pores. (uargh)
Le nain se leva. La petite main blanche avait l'air de chercher la serviette qui était tombée par terre. Il ramassa le chiffon râpeux, le secoua, l'examina puis le mis dans la main sans même y penser.
Mais sa curisosité scientifique le poussa brusquement à attraper le poignet pour empécher le bras de retourner derrière le rideau.
Son petit nez retroussé sous ses lunettes, il examina la plaie purulente, malgré le fait que la fille commençait à se débattre.

"Vraiment pas beau... Vous avez ça depuis longtemps?"

Il n'avait pas la moindre intention de lâcher le poignet de la fille.

Halyce, au contact des mains du nain autour de son poignet, se mit à se débattre le plus qu'elle put. Malheureusement, ce n'était pas d'une très grande force; les mouvements firent pulser son bras, comme s'il possédait son propre coeur dans le coude.

Elle lacha un cri de douleur.

Parce que par inadvertance (bien qu'elle n'en fut pas si certaine), l'autre avait posé ses doigts en plein sur une lésion toute fraîche.

Balbutiant comme une enfant auquelle on aurait arraché sa poupée et suplierait pour la ravoir, Halyce dit:

"Un an... depuis que j'suis arrivée... Lâchez-moi, ça fait mal..."

Des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues.

...Mais à quoi elle avait pensé?! Faire entrer un pur étranger chez elle, prendre une douche dans la même pièce! Était-elle devenue totalement dingue?! Est-ce que la douleur empoisonnait son esprit habituellement si prévoyant à ce point?

Et elle ne connaissait même pas son nom, en plus!

Leigh remonta ses lunettes sur son nez, observa la plaie encore un instant puis lâcha le poignet.
Décidément, cela avait l'air bien plus grave qu'il l'avait d'abord imaginé. Le couinement de douleur qu'avait eut la fille alors qu'il n'avait touché que le poignet, où les plaies étaient absentes, en témoignait. C'était peut-être le genre de personne hyper fragile qui se cassait quelque chose pour un mouvement trop brusque.
Un pli pensif barrant son front, il retourna à la bibliothèque, et farfouilla dans les livres, dos à la douche.

"Vous devriez vous dépécher de vous rhabiller, vous allez attraper froid."

Il grommella.

"Pas que ça me dérange, mais c'est contagieux..."

Le nain laissa alors échapper un "ah!" satisfait. Il venait de trouver la page sur les moisissures, notamment le penicillium.

[Je pars pour une semaine! Bisous ~]

Halyce poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle sentit l'emprise de la main étrangère s'affaiblir.

Pendant une seconde, elle se frustra contre elle-même. Et dire qu'il y a à peine quelques instants, ses instincts paranoïaques étaient en pleine effervescence. Maintenant... Elle se permit de faire confiance légèrement à ce nabot, dont elle ne connaissait même pas le nom.

Non... Halyce ne devait baisser sa garde aussi facilement.

Elle fronça les sourcils, puis passa dans son visage mouillé - de larmes vagabondes, causées par la douleur, mais aussi, de l'eau de la douche - une main tremblotante. Doucement, elle ferma l'eau, puis entreprit de se sécher et de retrouver ses vêtements éparpillés.

Une fois que ce fut fait, elle se rhabilla, mais non sans mal. Ses bras se mirent à élancer. Au moins, ils n'allaient pas trop s'infecter pour les trois prochaines heures... Mais le mot d'ordre était de ne pas se gratter, quoi qu'il arrive; quelque chose d'assez difficile...

Halyce sortit de la douche, la tête enfouie sous la serviette trouée, yeux émeraudes émergeant des trous.

"Ah quoi?", demanda-t-elle, curieuse.

Leigh n'entendit pas la question curieuse de la fille, complètement absorbé par sa lecture. Le pennicillium était une moisissure très commune, présente sur les sols humides et les denrées alimentaires avariées. Et il se trouvait que l'une de ses principales caractéristiques était sa fonction antibiotique.
Il s'accroupit brusquement sur le sol et se mit à l'inspecter, le nez dans la poussière. Les sols humides, ça ne manquait pas dans cette vieille cabane!
[Je simplifie hein... dans la réalité, il existe plusieurs sortes de moisissures portant ce nom, et dont certaines sont des poisons... mais jféskeujveu]
Bien vite, il repéra un endroit du vieux parquet étonnemment propre. Sur un petit disque de 5cm de diamètre, la poussière et la saleté semblaient avoir disparu. Au centre de ce disque se tenait un petit monticule blanc. Le pennicillium. [simplification, exagération, simplifcation...]

"Bingo."

Leigh entoura le petit monticule de trois livres, pour le repérer. Il était toujours dos à la douche, respectant la pudeur de la jeune fille sans meme s'en rendre compte.

"Sortie? Je crois que j'ai trouvé quelque chose qui pourrait vous soulager, sans avoir à sortir d'ici. Pourriez-vous faire bouillir de l'eau chaude dans le plus grand récipient que vous avez?"

Il finit quand même par se retourner, pour regarder la fille enfouie sous sa serviette trouée, et lui sourit. On aurait pu s'attendre à son habituel sourire arogant et insupportable. Mais à ce moment-là, ce n'était qu'un discret sourire de joie puérile, conjugué à des yeux brillants d'impatience, comme celui d'un petit garçon devant un nouveau jouet. Il n'avait jamais testé cette potion.

[Meh, c'est déjà bien les références à une vraie moisissure, ce n'est qu'un RP après tout =D]

Halyce fut quelque peu... désarçonnée par le soudain sourire de Leigh. Elle eut envie de regarder derrière elle, juste pour voir s'il ne souriait pas sincèrement à quelqu'un d'autre, caché derrière le rideau de la douche... Mais c'était peu probable, quand même.

Une partie d'Halyce se surprit à trouver Leigh maintenant de plus agréable compagnie. Heu non, c'était un peu fort quand même... De plus tolérable compagnie était juste. L'autre partie s'en méfiait toujours; après tout, il restait un étranger dans sa maison. Et considérant qu'elle n'avait jamais invité quiconque auparavant à monter l'escalier en colimaçon...

Halyce sortit de sa stupeur soudaine, puis acquiesça légèrement de la tête aux demandes du petit Hylien.

Elle se dirigea vers le meuble aux côtés de la douche, puis ouvrit une de ses portes. À l'intérieur se trouvait une bassine creuse, qui lui servait couramment de chaudron. À l'autre extrémité du logis se trouvait un minuscule foyer, à peine assez grand pour accueillir la bassine; Halyce s'y dirigea.

Une fois près du foyer, celle-ci y déposa son chaudron improvisé, songeuse.

Le pénicillium... Pas bête. Elle avait lu à propos de ses propriétés il y a fort longtemps, dans le livre de son grand-père....

Qui se situait à l'étage inférieur...

Soudainement paniquée, Halyce tenta de garder son sang froid et de ne pas céder à son inquiétude. Ses gestes devenus désordonnés ne lui permirent pas de retrouver les foutues allumettes, supposées pourtant d'être aux côtés du foyer, comme à l'accoutumée. Mais où étaient-elles? RAH!

Mécontente, Halyce pointa son doigt sur les bûches à moitié calcinées du foyer, puis vociféra. Rah, rah, rah! Elle ne savait qu'un seul sort, un tout petit et misérable! Les Hyliens étaient des piètres magiciens, c'était connu... Et Halyce détenait la première place des nullités en magie, mais fallait bien un feu d'une façon ou d'une autre!

Après bien des 'rah' exaspérés, une petite flamme jaillit de son doigt, allumant du coup un brasier sous le chaudron.

Elle soupira.

"Ça va bouillir... Un jour..."

La mâchoire de Leigh se décrocha.
La fille avait fait du feu. Avec son doigt.
Jamais il n'avait assisté à un quelconque phénomène magique. En fait, il n'y avait jamais cru. Et il ne pouvait toujours pas y croire.

Doucement il s'approcha de l'autre malade, attrapa son doigt un peu brusquement et l'examina avec fébrilité, comme s'il s'attendait à ce que le doigt lui avoue qu'il avait un lance-flamme intégré planqué sous l'ongle.

"Qu-... tu... vous... de la magie!!!???"

Le feu crépitait joyeusement sous ses yeux ronds et le chaudron. Leigh était tellement abasourdi que son cerveau génial était comme bloqué de stupéfaction.
La magie n'existait pas. Ses parents le lui avaient toujours répété. Seule la science, précise et exacte, était digne d'exister! Du moins c'était ce qu'il avait toujours cru...

Halyce ne bougea pas d'un poil, sourcils froncés. Est-ce qu'il se moquait d'elle? Était-ce du sarcasme, cet air vraiment étonné? ... Non. Il semblait authentiquement impressionné, comme s'il n'avait jamais vu un tel miracle auparavant.

Elle secoua la tête.

"Ben, ouais... Vous n'êtes jamais sorti d'Hyrule, hein? C'est vrai que dans le coin, la notion s'est un peu perdue..."

Halyce retira sa main de la prise de Leigh, yeux baissés et nostalgiques. Elle posa ses fesses au sol, assise en tailleur, et ajusta sa robe à la nouvelle position. Elle mit ses mains sur ses genoux, dont l'une contenait toujours la vieille serviette trouée.

Avant que l'Hylien la bombarde de questions, la jeune femme lança simplement:

"Disons juste que dans d'autres royaumes, certaines notions n'ont pas été censurées à la population."

Toutes les questions qui lui venaient à l'esprit se bousculaient dans sa bouche, qui restait grande ouverte.
Face à tant de choses improbables, il ne trouva rien de mieux à faire que de s'asseoir devant le feu magique, à côté de la fille.
De la demoiselle.
De toute évidence, il l'avait mal jugée. D'abord il l'avait prise pour une vendeuse idiote, puis pour une harpie au sale caractère, pour une inférieure trop bête pour se soigner seule,et enfin pour un cobaye d'expériences douteuses. Mais maintenant, c'était une magicienne.
Tout en l'observant dans le coin de ses lunettes, un drôle de respect naquit bien malgré lui pour cette fille aux cheveux de feu.

"Ah, au fait, moi c'est Leigh. Et vous?"

Halyce fixait son regard vert sur l'eau de plus en plus bouillonnante du chaudron lorsqu'elle entendit la présentation de l'étranger. Leigh...? Peu commun, comme prénom...

Elle retint un sourire léger puis répondit:

"Halyce."

Ses yeux ne se détournèrent pas de leur cible. Des images de routes, de grands espaces, de liberté, hantèrent son esprit.

La vue des grosses bulles qui éclataient à la surface du chaudron dissipa les inombrables questions de l'esprit de Leigh.

"Ah! C'est bon."

Le nain se leva d'un bond, sortit une petite cuillère de la poche droite de son pantalon trop grand (toujours avoir une petite cuillère sur soi) et la jetta dans l'eau bouillante.

"Pour la désinfecter" dit-il en guise de commentaire.

Puis il s'avança vers ce qui semblait être le coin cuisine, avisa une petite coupelle et une sorte de bol ébreché, et leur fit subir le meme sort que la pauvre petite cuillère. Après quelques minutes, il se saisit de deux fourchettes qui passaient par là, et s'en servit de pinces pour attraper la petite cuillère, la coupelle et le bol sans se brûler.
Attendre que ça sèche (il ne faisait pas confiance à la vieille serviette trouée)
Retirer l'eau du feu.

Etape 1: prélèvement.
Armé de sa petite cuillère, Leigh préleva autant de penicillium qu'il put, et le mit dans la coupelle.

"Hum, Halyce? Attrapez-moi le livre sur le penicillium, et lisez-moi les indications de préparation."

Il rassembla la moisissure en un petit monticule sur la coupelle, avec le bout de sa cuillère.

"...S'il vous plait."